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Paris pour le règlement des comptes. En route Rouletabille apprenait de la bouche de Darzac que celui-ci, dans sa prison, était tombé quelques jours auparavant sur un journal du pays qui relatait le passage au fort d’Hercule de M. et de Mme Darzac, dont on venait de célébrer le mariage à Paris ! Il ne lui en avait pas fallu davantage pour comprendre d’où venaient tous ses malheurs et pour deviner qui avait eu l’audace fantastique de prendre sa place auprès d’une malheureuse femme dont l’esprit encore chancelant faisait possible la plus folle entreprise. Cette découverte lui avait donné des forces inconnues. Après avoir volé le pardessus du directeur pour cacher son uniforme d’aliéné et s’être emparé de la bourse de celui-ci, d’une centaine de francs, il était parvenu, au risque de se casser le cou, à escalader un mur qui, en toute autre circonstance, lui eût paru infranchissable. Et il était descendu à Menton, et il avait couru au fort d’Hercule ; et il avait vu, de ses yeux vu, Darzac ! il s’était vu lui-même !… il s’était donné quelques heures pour ressembler si bien à lui-même que l’autre Darzac lui-même s’y serait trompé !… Son plan était simple. Pénétrer dans le fort d’Hercule comme chez lui, entrer dans l’appartement de Mathilde et se montrer à l’autre pour le confondre, devant Mathilde !… Il avait interrogé les gens