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maintenant, s’avance vers la plainte, ou plutôt marche vers le centre de la plainte, car la plainte nous entoure, fait des cercles autour de nous, dans l’espace embrasé. Et nous allons derrière lui, retenant notre respiration et les bras étendus, comme on fait quand on va à tâtons dans le noir, et que l’on craint de se heurter à quelque chose que l’on ne voit pas. Ah ! nous approchons du spasme, et quand nous avons dépassé l’ombre de l’eucalyptus, nous trouvons le spasme au bout de l’ombre. Il secoue un corps à l’agonie. Ce corps, nous l’avons reconnu. C’est Bernier ! c’est Bernier qui râle, qui essaye de se soulever, qui n’y parvient pas, qui étouffe, Bernier dont la poitrine laisse échapper un flot de sang, Bernier sur qui nous nous penchons, et qui, avant de mourir, a encore la force de nous jeter ces deux mots : Frédéric Larsan !

Et sa tête retombe. Frédéric Larsan ! Frédéric Larsan ! Lui partout et nulle part ! Toujours lui, nulle part ! Voilà encore sa marque ! Un cadavre et personne, raisonnablement, autour de ce cadavre !… Car la seule issue de ces lieux où l’on a assassiné, c’est cette poterne où nous nous tenions tous les quatre. Et nous nous sommes retournés, d’un seul mouvement, tous les quatre, aussitôt le cri de la mort, si vite, si vite, que nous aurions