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rieusement comme par la peste ? Certes ! la marche de l’épidémie est moins invisible que cette main qui tue ! Et nous sommes là, tous quatre, frissonnants, les yeux grands d’épouvante, interrogeant la profondeur de la lumière toute vibrante encore du cri de la mort ! Qui donc est mort ? Ou qui donc va mourir ? Quelle bouche expirante laisse maintenant échapper ce gémissement suprême ? Comment nous diriger dans la lumière ? On dirait que c’est la clarté du jour elle-même qui se plaint et soupire.

Le plus effrayé est Rouletabille. Je l’ai vu dans les circonstances les plus inattendues garder un sang-froid au-dessus des forces humaines ; je l’ai vu, à cet appel du cri de la mort, se ruer dans le danger obscur et se jeter comme un sauveur héroïque dans la mer des ténèbres ; pourquoi aujourd’hui tremble-t-il ainsi dans la splendeur du jour ? Le voilà, devant nous, pusillanime comme un enfant qu’il est, lui qui prétendait agir comme le maître de l’heure. Il n’avait donc point prévu cette minute-là ? cette minute où quelqu’un expire dans la lumière de midi ? Mattoni, qui passait à ce moment dans la baille, et qui a entendu, lui aussi, est accouru. Un geste de Rouletabille le cloue sur place, sous la poterne, en immuable sentinelle ; et le jeune homme,