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Neuf. Les rayons funèbres de la lune arrivaient obliquement par les hautes fenêtres qui s’ouvraient sur chaque palier et découpaient avec précision des carrés de lumière blême dans la nuit opaque de cette cage d’escalier qui était très vaste. La misère du château ainsi éclairée par endroits n’en paraissait que plus définitive. La ruine de la rampe de l’escalier, les barreaux brisés, les murs lézardés contre lesquels, çà et là, de vastes lambeaux de tapisserie pendaient encore, tout cela, qui ne m’avait que fort peu impressionné dans le jour, me frappait alors étrangement, et mon esprit était tout prêt à me représenter ce décor lugubre du passé comme un lieu propice à l’apparition de quelque fantôme… Réellement, j’avais peur… L’ombre, tout à l’heure, m’avait si bien glissé entre les doigts… car j’avais bien cru la toucher… Tout de même, un fantôme peut se promener dans un vieux château sans faire craquer des marches d’escalier… Mais elles ne craquaient plus…

Tout à coup, comme j’étais penché au-dessus de la rampe, je revis l’ombre !… elle était éclairée d’une façon éclatante… de telle sorte que d’ombre qu’elle était elle était devenue lueur. La lune l’avait allumée comme un flambeau… Et je reconnus Robert Darzac !