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la figure !… Vous n’avez peut-être même pas tué l’ombre de Larsan !

— Oh ! si ! fit-elle sourdement et simplement : il est mort ! (Et elle ne dit plus rien…)

Et je me demandais en regardant Rouletabille : « Mais qui donc auraient-ils tué, s’ils n’avaient pas tué celui-là ! Si Mathilde n’avait pas vu la figure de l’ombre, elle avait bien entendu sa voix !… elle en frissonnait encore… elle l’entendait encore. Et Bernier aussi avait entendu sa voix et reconnu sa voix… la voix terrible de Larsan… la voix de Ballmeyer qui, dans l’abominable lutte, au milieu de la nuit, annonçait la mort à Robert Darzac : Ce coup-ci, j’aurai ta peau ! pendant que l’autre ne pouvait plus que gémir d’une voix expirante : Mathilde !… Mathilde !… Ah ! comme il l’avait appelée !… comme il l’avait appelée du fond de la nuit où il râlait, déjà vaincu… Et elle… elle… elle n’avait pu que mêler, hurlante d’horreur, son ombre à ces deux ombres, que s’accrocher à elles au hasard des ténèbres, en appelant un secours qu’elle ne pouvait pas donner et qui ne pouvait pas venir. Et puis, tout à coup, ç’avait été le coup de feu qui lui avait fait pousser le cri atroce… comme si elle avait été frappée elle-même… Qui était mort ?… Qui était vivant ?… Qui allait parler ?… Quelle voix allait-elle entendre ?…