Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/313

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Viens, maman dit-il, et ces simples paroles avaient dans sa bouche le ton d’une prière très douce et très pressante… Viens !… Viens !… Viens !…

Et il l’entraîna. Elle ne lui résistait point. Sitôt qu’il lui eût pris la main, il sembla qu’il pouvait la diriger à son gré. Cependant, quand il l’eut ainsi conduite devant la porte de la chambre fatale, elle eut un recul de tout le corps.

— Pas là ! gémit-elle…

Et elle s’appuya contre le mur pour ne point tomber. Rouletabille secoua la porte. Elle était fermée. Il appela Bernier qui, sur son ordre, l’ouvrit et disparut ou plutôt se sauva.

La porte poussée, nous avançâmes la tête. Quel spectacle ! La chambre était dans un désordre inouï. Et la sanglante aurore qui entrait par les vastes embrasures rendait ce désordre plus sinistre encore. Quel éclairage pour une chambre de meurtre ! Que de sang sur les murs et sur le plancher et sur les meubles !… Le sang du soleil levant et de l’homme que Toby avait emporté on ne savait où… dans le sac de pommes de terre ! Les tables, les fauteuils, les chaises, tout était renversé. Les draps du lit auxquels l’homme, dans son agonie, avait dû désespérément s’accrocher,