Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/264

Cette page a été validée par deux contributeurs.

j’aurais répondu ? Cette femme avait été toujours si « distante », comme on dit maintenant, vis-à-vis de tout le monde en général et de moi en particulier. Je n’avais jamais existé pour elle… et voilà qu’après m’avoir fait respirer le parfum de la Dame en noir elle pleurait devant moi comme une vieille amie…

Oui, comme une vieille amie… Elle me raconta tout, j’appris tout, en quelques phrases pitoyables et simples comme l’amour d’une mère… tout ce que me cachait ce petit sournois de Rouletabille. Évidemment, ce jeu de cache-cache ne pouvait durer et ils s’étaient bien devinés tous les deux. Poussée par un sûr instinct, elle avait voulu définitivement savoir ce que c’était que ce Rouletabille qui l’avait sauvée et qui avait l’âge de l’autre… et qui ressemblait à l’autre. Et une lettre était venue lui apporter à Menton même la preuve récente que Rouletabille lui avait menti et n’avait jamais mis les pieds dans une institution de Bordeaux. Immédiatement, elle avait exigé du jeune homme une explication, mais celui-ci s’y était âprement dérobé. Toutefois, il s’était troublé quand elle lui avait parlé du Tréport et du collège d’Eu et du voyage que nous avions fait là-bas avant de venir à Menton.

— Comment l’avez-vous su ? m’écriai-je, me trahissant aussitôt.