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nu, ses magnifiques épaules que moulait la soie légère d’un vêtement, lequel apparaissait à mes yeux extasiés comme une loque sublime, jetée par quelque héritier de Phidias sur la glaise immortelle qui vient de prendre la forme de la beauté ! Je sens bien que mon émotion, même après tant d’années, quand je songe à ces choses, me fait écrire des phrases qui manquent de simplicité. Je n’en dirai point plus long sur ce sujet. Mais ceux qui ont approché la fille du professeur Stangerson me comprendront peut-être, et je ne veux ici, vis-à-vis de Rouletabille, qu’affirmer le sentiment de respectueuse consternation qui me gonfla le cœur devant cette mère divinement belle, qui, dans le désordre harmonieux où l’avait jetée l’affreuse tempête ― physique et morale ― où elle se débattait, venait me supplier de trahir mon serment. Car j’avais juré à Rouletabille de me taire, et voilà, hélas ! que mon silence même parlait plus haut que ne l’avait jamais fait aucune de mes plaidoiries.

Elle me prit les mains et me dit sur un ton que je n’oublierai de ma vie :

— Vous êtes son ami. Dites-lui donc que nous avons assez souffert tous deux !

Et elle ajouta avec un gros sanglot :

— Pourquoi continue-t-il à mentir ?

Moi, je ne répondais rien. Qu’est-ce que