Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/262

Cette page a été validée par deux contributeurs.

souvenir de ce moment que je passai en face de la Dame en noir n’est pas le moins douloureux. J’y fus mis à une épreuve à laquelle je ne m’attendais point et quand, à brûle-pourpoint, sans qu’elle prît même le temps de nous plaindre de la façon dont nous venions d’être traités par les éléments ― car je ruisselais sur le parquet comme un vieux parapluie ― elle me demanda : « Il y a longtemps, monsieur Sainclair, que vous êtes allé au Tréport ? » je fus plus ébloui, étourdi que par tous les coups de foudre de l’orage. Et je compris que, dans le moment même que la nature entière s’apaisait au dehors, j’allais subir, maintenant que je me croyais à l’abri, un plus dangereux assaut que celui que le flot des mers livre vainement depuis des siècles au rocher d’Hercule ! Je dus faire mauvaise contenance et trahir tout l’émoi où me plongeait cette phrase inattendue. D’abord, je ne répondis point ; je balbutiai, et certainement je fus tout à fait ridicule. Voilà des années que ces choses se sont passées. Mais j’y assiste encore comme si j’étais mon propre spectateur. Il y a des gens qui sont mouillés et qui ne sont point ridicules. Ainsi la Dame en noir avait beau être trempée et, comme moi, sortir de l’ouragan, eh bien, elle était admirable avec ses cheveux défaits, son col