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furent atteints du haut mal ou frappés de mort subite.

» Quand le temps eut effacé ces choses de la mémoire des hommes, seul, le souvenir du châtiment s’est conservé pour le peuple, et le peuple en le perpétuant par ses récits, appelle aujourd’hui tsars les fleurs du Switez !…

» Cela disant, la Dame du lac s’éloigna lentement ; le lac s’entr’ouvrit jusqu’au plus profond de ses entrailles ; mais le regard cherchait en vain la belle inconnue qui s’était couvert la tête d’une vague et dont on n’a jamais plus entendu parler… »

C’étaient les paroles mêmes, les paroles traduites de la chanson que murmurait la voix à la fois douce et mâle, pendant que le piano faisait entendre un accompagnement mélancolique. Je poussai la porte de la salle et je me trouvai en face d’un jeune homme qui se leva. Aussitôt, derrière moi, j’entendis le pas de Mrs Edith. Elle nous présenta. J’avais devant moi le prince Galitch.

Le prince était ce que l’on est convenu d’appeler dans les romans : « un beau et pensif jeune homme » ; son profil droit et un peu dur aurait donné à sa physionomie un aspect particulièrement sévère, si ses yeux, d’une clarté et d’une douceur et d’une candeur troublantes, n’eussent laissé transparaître une âme presque