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de Sémiramis. Cela ne lui coûtait rien. Il en avait trop, il en était gêné, et il préférait garder pour lui les roses. Mrs Edith avait pris un certain intérêt à la fréquentation du jeune boyard, à cause des vers qu’il lui disait. Après les lui avoir dits en russe, il les traduisait en anglais et il lui en avait même fait, en anglais, pour elle, pour elle seule. Des vers, de vrais vers d’un poète, dédiés à Mrs Edith ! Celle-ci en avait été si flattée qu’elle avait demandé à ce Russe qui lui avait fait des vers anglais de les lui traduire en russe. C’étaient là jeux littéraires qui amusaient beaucoup Mrs Edith, mais qu’Arthur Rance goûtait peu. Celui-ci ne cachait pas, du reste, que le prince Galitch ne lui plaisait qu’à moitié, et, s’il en était ainsi, ce n’était point que la moitié qui déplaisait à Mr Rance chez le prince Galitch fût précisément la moitié qui intéressait tant sa femme, c’est-à-dire la « moitié poète » ; non, c’était la « moitié avare ». Il ne comprenait pas qu’un poète fût avare. J’étais bien de son avis. Le prince n’avait point d’équipage. Il prenait le tramway et souvent faisait son marché lui-même, assisté de son seul domestique Ivan qui portait le panier aux provisions. Et il se disputait, ajoutait la jeune femme, qui tenait ce détail de sa propre cuisinière, ― il se disputait chez les marchandes de poisson, à propos d’une rascasse