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dans la salle d’attente. Il allait prendre un train. Comment faire ? Si je voulais monter dans le même train que lui, n’allait-il point m’apercevoir dans cette petite gare, sur ce quai désert ? Enfin, je devais tenter le coup. S’il m’apercevait, j’en serai quitte pour feindre la surprise et ne plus le lâcher jusqu’à ce que je fusse sûr de ce qu’il venait faire dans ces parages. Mais la chose se passa fort bien et Brignolles ne m’aperçut pas. Il monta dans un train omnibus qui se dirigeait vers la frontière italienne. En somme, tous les pas de Brignolles le rapprochaient du fort d’Hercule. J’étais monté dans le wagon qui suivait le sien et je surveillai le mouvement des voyageurs à toutes les gares.

Brignolles ne s’arrêta qu’à Menton. Il avait voulu certainement y arriver par un autre train que le train de Paris, et dans un moment où il avait peu de chances de rencontrer des visages de connaissance à la gare. Je le vis descendre ; il avait relevé le col de son pardessus et enfoncé davantage encore son chapeau de feutre sur ses yeux. Il jeta un regard circulaire sur le quai, et, rassuré, se pressa vers la sortie. Dehors, il se jeta dans une vieille et sordide diligence qui attendait le long du trottoir. D’un coin de la salle d’attente, j’observai mon Brignolles. Qu’est-ce qu’il faisait là ? Et où allait-il dans