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À Nice, dissimulé derrière une vitre du buffet, je guettai l’arrivée du train de Paris dans lequel pouvait se trouver Brignolles. Et, justement, je vis descendre mon Brignolles ! Ah ! mon cœur battait ferme, car enfin ce voyage dont il n’avait point fait part à M. Darzac ne me paraissait rien moins que naturel ! Et puis, je n’avais pas la berlue : Brignolles se cachait. Brignolles baissait le nez. Brignolles se glissait, rapide comme un voleur, parmi les voyageurs, vers la sortie. Mais j’étais derrière lui. Il sauta dans une voiture fermée, je me précipitai dans une voiture non moins fermée. Place Masséna, il quitta son fiacre, se dirigea vers la Jetée-Promenade et là, prit une autre voiture ; je le suivais toujours. Ces manœuvres me paraissaient de plus en plus louches. Enfin la voiture de Brignolles s’engagea sur la route de la corniche et, prudemment, je pris le même chemin que lui. Les nombreux détours de cette route, ses courbes accentuées me permettaient de voir sans être vu. J’avais promis un fort pourboire à mon cocher s’il m’aidait à réaliser ce programme, et il s’y employa le mieux du monde. Ainsi arrivâmes-nous à la gare de Beaulieu. Là, je fus bien étonné de voir la voiture de Brignolles s’arrêter à la gare, et Brignolles descendre, régler son cocher et entrer