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de jour. Il était déjà au milieu des ouvriers qu’il avait fait venir et qui travaillaient activement à la réparation de la brèche de la tour B. Les travaux furent menés si judicieusement et si promptement que le château fort d’Hercule se trouva le soir même aussi hermétiquement clos dans la nature, avec toutes ses enceintes, qu’il l’est linéairement parlant sur le papier. Assis sur un gros moellon, ce matin-là, Rouletabille commençait déjà à dessiner sur son calepin le plan que j’ai soumis au lecteur, et il me disait, cependant que, fatigué de ma nuit, je faisais des efforts ridicules pour ne point fermer les yeux :

— Voyez-vous, Sainclair ! Les imbéciles vont croire que je me fortifie pour me défendre. Eh bien, ce n’est là qu’une pauvre partie de la vérité : car je me fortifie surtout pour raisonner. Et, si je bouche les brèches, c’est moins pour que Larsan ne puisse s’y introduire que pour épargner à ma raison l’occasion d’une « fuite » ! Par exemple, je ne pourrais raisonner dans une forêt ! Comment voulez-vous raisonner dans une forêt ? La raison fuit de toutes parts, dans une forêt ! Mais dans un château fort bien clos ! Mon ami, c’est comme dans un coffre-fort bien fermé : si vous êtes dedans, et que vous ne soyez point fou, il faut bien que votre raison s’y retrouve !