Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/136

Cette page a été validée par deux contributeurs.

m’avancer beaucoup, en prétendant que la première victime du drame du Glandier et la plus malheureuse de toutes était le professeur Stangerson. Il avait tout perdu : sa foi dans la science, l’amour du travail, et ― ruine plus affreuse que toutes les autres ― la religion de sa fille. Il avait tant cru en elle ! Elle avait été pour lui l’objet d’un si constant orgueil ! Il l’avait associée pendant tant d’années, vierge sublime, à sa recherche de l’inconnu ! Il avait été si merveilleusement ébloui de cette définitive volonté qu’elle avait eue de refuser sa beauté à quiconque eût pu l’éloigner de son père et de la science ! Et, quand il en était encore à considérer avec extase un pareil sacrifice, il apprenait que, si sa fille refusait de se marier, c’est qu’elle l’était déjà à un Ballmeyer ! Le jour où Mathilde avait décidé de tout avouer à son père et de lui confesser un passé qui devait, aux yeux du professeur déjà averti par le mystère du Glandier, éclairer le présent d’un éclat bien tragique, le jour où, tombant à ses pieds et embrassant ses genoux, elle lui avait raconté le drame de son cœur et de sa jeunesse, le professeur Stangerson avait serré dans ses bras tremblants son enfant chérie ; il avait déposé le baiser du pardon sur sa tête adorée, il avait mêlé ses larmes aux sanglots de celle qui avait expié sa faute jusque dans