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miss Edith, au cours des voyages de son oncle, avait tant reçu de fâcheuses nouvelles, et son oncle était revenu de si loin, toujours si bien portant, qu’on ne lui tiendra certainement point rigueur de ce que sa tristesse ne l’eût point, ce soir-là, retenue à la maison. Cependant, trois mois plus tard, sur une nouvelle lettre, elle décida de partir et d’aller rejoindre, toute seule, son oncle, au fond de l’Araucanie. Pendant ces trois mois, il s’était passé des événements mémorables. Miss Edith avait été touchée des remords d’Arthur Rance et de sa persistance à ne plus boire que de l’eau. Elle avait appris que les mauvaises habitudes d’intempérance de ce gentleman n’avaient été prises qu’à la suite d’un désespoir d’amour, et cette circonstance lui avait plu par-dessus tout. Ce caractère romanesque dont j’ai parlé tout à l’heure devait servir rapidement les desseins d’Arthur Rance ; et, au moment du départ de miss Edith pour l’Araucanie, nul ne s’étonna de ce que l’ancien élève du vieux Bob accompagnât sa nièce. Si les fiançailles n’étaient pas encore officielles, c’est qu’elles n’attendaient pour le devenir que la bénédiction du géologue. Miss Edith et Arthur Rance retrouvèrent à San Luis l’excellent oncle. Il était d’une humeur charmante et d’une santé florissante. Rance, qui ne l’avait pas revu depuis si longtemps, eut le