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crayons dont il ne se servait jamais, mais qu’il taillait interminablement. Et, quand il avait atteint son but ― qu’il visait ― on voyait apparaître au-dessus de son pupitre sa bonne tête chenue que fendait, sous les lunettes d’or, le large rire silencieux de sa bouche joviale.

Tous ces détails me furent donnés plus tard par Arthur Rance lui-même, qui avait été l’élève du vieux Bob, mais qui ne l’avait pas revu depuis de nombreuses années, quand il fit la connaissance de miss Edith ; et, si je les rapporte si complètement ici, c’est que, par une suite de circonstances fort naturelles, nous allons retrouver le vieux Bob aux Rochers Rouges.

Miss Edith, lors de la fameuse soirée où Arthur Rance lui fut présenté et où il se conduisit d’une façon aussi incohérente, ne s’était montrée peut-être si mélancolique que parce qu’elle venait de recevoir de fâcheuses nouvelles de son oncle. Celui-ci, depuis quatre ans, ne se décidait pas à revenir de chez les Patagons. Dans sa dernière lettre, il lui disait qu’il était bien malade et qu’il désespérait de la revoir avant de mourir. On pourrait être tenté de penser qu’une nièce au cœur tendre, dans ces conditions, eût pu s’abstenir de paraître à un banquet, si familial, fût-il, mais