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deux ombres dans la Cour du Téméraire ; elles sont au coin du parapet auprès de la petite porte de la Tour Carrée. L’une de ces ombres, la plus grande, retient l’autre et supplie. La plus petite voudrait s’échapper ; on dirait qu’elle est prête à prendre son élan vers la mer. Et j’entends la voix de Mme Darzac qui dit :

— Prenez garde ! C’est un piège qu’il vous tend. Je vous défends de me quitter, ce soir !…

Et la voix de Rouletabille :

— Il faudra bien qu’il aborde au rivage. Laissez-moi courir au rivage !

— Que ferez-vous ? gémit la voix de Mathilde.

— Tout ce qu’il faudra.

Et, encore, la voix de Mathilde, la voix épouvantée :

— Je vous défends de toucher à cet homme !

Et je n’entends plus rien.


Je suis descendu et j’ai trouvé Rouletabille, seul, assis sur la margelle du puits. Je lui ai parlé, et il ne m’a pas répondu, comme il lui arrive quelquefois. Je m’en fus dans la baille, et là, je rencontrai M. Darzac qui vint à moi, fort agité. Il me cria de loin :

— Eh bien ! L’avez-vous vu ?

— Oui, je l’ai vu, fis-je.

— Et elle, elle, savez-vous si elle l’a vu ?