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— C’est ce que nous appelons, dit Edith, toujours avec son affectation d’enfantillage, la Tour du Jardinier. De cette poterne, on découvre tout le fort, tout le château, le côté Nord et le côté Sud. Voyez !…

Et son bras, qui traîne une écharpe, nous désigne des choses…

— Toutes ces pierres ont leur histoire. Je vous les dirai, si vous êtes bien sages…

— Comme Edith est gaie ! murmure Arthur Rance. Je pense qu’il n’y a qu’elle de gaie, ici.

Nous avons passé sous la poterne et nous voici dans une nouvelle cour. Nous avons le vieux donjon en face de nous. L’aspect en est vraiment impressionnant. Il est haut et carré ; aussi le désigne-t-on quelquefois sous cette appellation : la Tour Carrée. Et, comme cette tour occupe le coin le plus important de toute la fortification, on l’appelle encore la Tour du Coin… C’est le morceau le plus extraordinaire, le plus important de toute cette agglomération d’ouvrages défensifs. Les murs y sont plus épais que partout ailleurs et plus hauts. À mi-hauteur, c’est encore le ciment romain qui les scelle… ce sont encore les pierres entassées par les colons de César.

— Là-bas, cette tour, dans le coin opposé, continue Edith, c’est la Tour de Charles le Téméraire, ainsi appelée parce que c’est le duc