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raisonnablement, mais jamais il ne m’a cédé là-dessus. Il avait fait faire une clef spéciale, et pas plus moi qu’une autre, je n’ai jamais pu entrer dans le petit bureau. Là-dedans, il faisait son ménage lui-même. Il me disait : « Ce coin-là est à moi Babette, tout le reste t’appartient pour frotter et nettoyer. » Et voilà qu’il était enfermé là-dedans avec deux hommes que je ne connaissais ni d’Ève ni d’Adam…

Alors, j’ai écouté… j’ai essayé, à travers la porte, de comprendre ce qui se passait, ce qui se disait. Mais on parlait très bas et j’enrageais de ne pas saisir… À la fin, j’ai cru comprendre qu’il y avait une discussion qui n’allait pas toute seule… Et tout à coup, mon maître, élevant la voix, a dit, et cela je l’ai entendu distinctement : « Est-ce bien possible ? Il n’y aurait pas de plus grand crime au monde ! » Ça, je l’ai entendu !… de mes oreilles… C’est tout ce que j’ai entendu… J’en étais encore abasourdie… quand la porte s’est ouverte ; les deux inconnus se sont jetés sur moi… « Ne lui faites pas de mal ! s’est écrié M. Latouche qui refermait soigneusement la porte de son petit bureau… J’en réponds comme de moi-même ! » Et il est venu à moi et m’a dit : « Babette, on ne te questionnera pas ; tu as entendu ou tu