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Et il me bouscule, m’assied de force sur un escabeau, me met le jeu dans la main, et se replace en face de moi, dans son vaste fauteuil, en rugissant…

…Je donne les cartes… Mon partenaire m’en demande… Je refuse… Il a cinq atouts ! Il marque deux points… Il donne les cartes… Il tourne le roi. Je joue d’autorité. Il a encore cinq atouts ! Trois et deux cinq ! Il a gagné !…

Alors… alors, il hurle… Oui, comme le vent… comme le vent qui a une voix de chien ce soir… Il arrache les cartes… il les jette dans le brasier… Au feu, les cartes !… au feu ! les cartes !… Ils sont deux à hurler… lui dedans, le vent dehors…

Mais le voilà qu’il se dirige vers la porte, recourbé, le mufle en avant comme une bête de proie qui va bondir… tout le poil hérissé…

C’est que, dehors, c’est bien un chien qui aboie… un chien dont le hurlement fantastique domine la voix du vent… un chien qui hurle à la mort…

L’homme est arrivé à la porte ; il se redresse le long de la porte, et, là, à travers le bois… il demande à voix basse :

— Est-ce toi, « Mystère !… »