GAGNERAS ! En deux mots, il me donne toute la fortune du monde ! TU GAGNERAS !
Cette phrase de l’enfer, Messieurs, me foudroya. Le lendemain matin, le père Appenzel me trouva, écroulé au pied de l’armoire. Quand on me réveilla, quand on me fit revenir à moi, hélas ! je n’avais rien oublié ! Je ne devais rien oublier, jamais !… Partout où je vais, Messieurs ! partout où je passe ! la nuit, le jour ! sur le mur des ténèbres, sur le disque éclatant du soleil, sur la terre et dans les cieux, en moi-même quand je ferme les yeux, sur vos fronts quand je vous regarde, je lis la phrase flamboyante de l’enfer : TU GAGNERAS !
Le vieillard se tut, épuisé, et il se laissa retomber sur son fauteuil, en gémissant. Makoko et Mathis s’étaient éloignés de lui. Allan et moi le considérions avec une immense pitié. « Voilà donc, pensions-nous, où conduit la folie du jeu ! Elle conduit à la folie, tout simplement ! » Allan secoua le malaise qui nous étreignait :
— Monsieur, dit-il, d’une voix hésitante… vous avez été certainement victime d’une hallucination !…
Le gentilhomme redressa sa tête effroyable.
— Ah ! voilà une idée ! jeune homme !… Cela