sait donc que je vais me tuer ce soir ! »
Je jouais avec mes pistolets, pensant à ce qu’avait été ma vie et songeant pour la première fois à ce que serait ma mort.
Mon regard indifférent rencontra, au-dessus de la commode, dans une petite bibliothèque pendue au mur, quelques vieux ouvrages et leurs titres. Je fus étonné de voir que tous traitaient de diableries et de sorciers. Je pris un livre : Les Sorciers du Jura, et avec le sourire sceptique de l’homme qui s’est placé au-dessus du destin, je l’ouvris. Les deux premières lignes, écrites à l’encre rouge, me sautèrent aux yeux : « Quand on veut voir sérieusement le diable, on n’a qu’à l’appeler de tout son cœur, il vient ! » Suivait l’histoire d’un homme qui, amoureux désespéré comme moi, ruiné comme moi, avait sincèrement appelé à son secours le prince des ténèbres et qui avait été secouru ; car, quelques mois plus tard, redevenu incroyablement riche, il épousait celle qu’il aimait. Je lus cette histoire jusqu’au bout. — « Eh bien ! en voilà un qui a eu de la chance ! » m’écriai-je et je rejetai le livre sur la commode. Dehors, Mystère hululait toujours… Je soulevai le rideau de la fenêtre et ne pus m’empêcher de tressaillir devant l’ombre dansante de ma chienne sous la lune. On eût dit vrai-