Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/313

Cette page a été validée par deux contributeurs.

naturelle des chambres !… J’ai essayé de redresser une armoire…

— Vous avez touché à l’armoire ! hurle l’homme, en jetant sa serviette et en venant vers moi avec des yeux de fou… Vous avez touché à l’armoire !…

— Oui, dis-je tranquillement, elle allait tomber…

Mais elle ne tombe pas ! Mais elle ne tombera jamais ! Mais elle ne se redressera jamais ! Mais c’est sa manière à elle, d’être comme ça, pour toujours, titubante, vacillante, frémissante pour l’éternité !

Nous nous étions tous levés. La voix de l’homme était rauque. De grosses gouttes de sueur coulaient de son front. Ses yeux que nous croyions morts jetaient des flammes. Vraiment, il était effrayant à voir. Il me saisit le poignet et l’étreignit avec une force dont je l’eusse cru incapable ; et, presque bas, cette fois-ci, il me demanda :

— Vous ne l’avez pas ouverte ?

— Non !

— Tant mieux pour vous ! Vous ne savez pas ce qu’il y a dedans ? Non ! Eh bien ! Tant mieux pour vous !… Ah ! Monsieur, vraiment tant mieux pour vous !…