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lit, ajouta-t-elle d’une voix dolente. J’ai mis des draps, de l’eau dans les pots et de la bougie sur les tables, j’espère que vous ne manquerez de rien.

— Vous saviez donc que nous allions venir ?

La mère Appenzel fit entendre un petit rire de crécelle.

— Mon maître m’a annoncé des amis…

Makoko, suivi de Mathis et d’Allan, avait pénétré dans la première chambre. Je l’entendis déposer bruyamment son fusil et dire :

— Nous coucherons ici, Mathis et moi.

J’étais resté seul dans le corridor avec la vieille. Je lui désignai la porte close.

— Il n’y a donc pas de lit dans cette chambre ? demandai-je.

— Oh ! monsieur, fit la vieille, il y a bien un lit, mais on n’a pas couché dans la mauvaise chambre depuis cinquante ans…

— Et pourquoi ? …

— Chut !! souffla la mère Appenzel, un doigt sur sa bouche édentée ; et elle s’en fut vers la chambre d’Allan ; je crus que j’étais seul, j’allongeai la main vers la clenche qui fermait la mauvaise chambre.

La vieille m’avait vu. Elle me jeta, suppliante :