Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/30

Cette page a été validée par deux contributeurs.

académiques, avait cru devoir rapporter tout au long la légende qui s’était formée autour du fauteuil de Mgr d’Abbeville. Dans certains milieux parisiens, où l’on s’occupait beaucoup de choses qui se passaient au bout du pont des Arts, on était persuadé que ce fauteuil était désormais hanté par l’esprit de vengeance du sâr Éliphas de Saint-Elme de Taillebourg-de-la-Nox ! Et comme, après son échec, cet Éliphas avait disparu, l’Époque ne pouvait s’empêcher de regretter qu’il eût, avant précisément de disparaître, prononcé des paroles de menaces suivies bien fâcheusement d’aussi regrettables décès subits. En sortant pour la dernière fois du club des « Pneumatiques » (ainsi appelé de pneuma, âme), qu’il avait fondé dans le salon de la Belle Madame de Bithynie, Éliphas avait dit textuellement en parlant du fauteuil de l’éminent prélat : « Malheur à ceux qui auront voulu s’y asseoir avant moi ! » En fin de compte, l’Époque ne paraissait pas rassurée du tout. Elle disait, à l’occasion des lettres reçues par les deux défunts immédiatement avant leur mort, que l’Académie avait peut-être affaire à un fumiste, mais aussi qu’elle pouvait avoir affaire à un fou. Le journal voulait que l’on retrouvât Éliphas, et c’est tout juste s’il ne