repris par la terre natale, par ses traditions, ses légendes, par l’âme mystérieuse de la forêt.
Trois fois déjà, sur leurs pressantes invitations, nous étions venus, Allan et moi, chasser avec eux, vers la fin des vacances, mais nos expéditions cynégétiques ne nous avaient point conduits encore si près de la gentilhommière dont nous n’avions entendu parler jusqu’alors que d’une oreille distraite. Nous avions coutume, du reste, de ne prêter aucune attention à toutes ces histoires de bonnes femmes. La seule chose qui nous intéressât était les rudes chasses que nous faisions avec ces rudes gars, car nous aimions beaucoup nos camarades tels que la vie les avait faits : paysans orgueilleux, courageux et forts, d’âme délicate et peureuse devant l’inconnu, et tenant de leur famille, restée catholique, une piété qui allait jusqu’à la superstition.
Quant à Allan et quant à moi, élèves de la Faculté de Paris, nous ne croyions pas à grand’-chose en dehors de ce que nous montrait notre scalpel. C’est vous dire quel esprit différent nous animait tous les quatre dans le moment que la fumée des monts nous acculait à l’hospitalité de la gentilhommière. Allan et moi