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dans la montagne, la nuit, en plein hiver ! C’est vous qui l’avez tué !…

— Oui, certes !… fit l’homme, simplement, c’est moi qui l’ai tué… Et vous voyez que cela m’a rendu hospitalier, Messieurs…

— Et pourriez-vous nous dire pourquoi vous l’avez chassé de votre maison ? gronda sourdement Makoko, dont le poing féroce semblait se préparer à assommer ce singulier hôte.

Sans hâte, le gentilhomme posa sur nous son regard mort.

Parce que ma maison porte malheur… dit-il… Est-ce que ce n’est pas ce qu’on raconte dans la montagne ?…

Puis, nous désignant d’un doigt décharné les nuées opaques qu’une saute de vent faisait remonter vers nous :

— Messieurs, au plaisir de vous revoir !…

Et il s’éloigna, appelant son chien, redressant sa haute taille, le fusil sur l’épaule, ses quatre mèches au vent.

— C’est un fou ! dit Mathis.

— C’est un fou ! dit Allan.

— Non ! Non ! ce n’est pas un fou ! répliqua péremptoirement Makoko, sans plus exprimer sa pensée qui vouait le gentilhomme à l’enfer.

Les nuages nous gagnaient déjà, nous mas-