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avait finalement laissés pleins de sécurité et de confiance dans l’avenir.

Cet avenir ne tarda point à se réaliser. M. Jules-Louis-Gaspard Lalouette fut élu par l’illustre Assemblée à l’unanimité, aucun concurrent n’étant venu lui disputer la palme du martyre.

Pendant les quelques semaines qui suivirent, il ne se passa guère de jours sans que l’arrière-boutique du marchand de tableaux ne reçût la visite de M. Hippolyte Patard. Il venait vers le soir, pour, autant que possible, n’être point reconnu, entrait par la petite porte basse de la cour, traversait hâtivement l’arrière-boutique et s’enfermait avec M. Lalouette dans un petit cabinet où ils ne risquaient point d’être dérangés. Là, ils préparaient le discours. Et M. Lalouette ne s’était point vanté en disant qu’il avait une bonne mémoire. Elle était excellente. Il saurait son discours par cœur, sans faute. Mme Lalouette s’y employait elle-même et faisait réciter à son mari le chef-d’œuvre oratoire, jusque dans l’alcôve conjugale, au coucher et au réveil. Elle lui avait appris également à disposer ses feuillets comme s’il les lisait et à les ranger, au fur et à mesure, les uns derrière les autres. Enfin, elle avait marqué