la maison, à faire chanter sa manivelle !… J’en ai eu une sueur froide… Il n’y avait pas à dire, ça, c’était une indication !… On m’aurait récité aux oreilles la prière des trépassés que je n’en aurais pas été plus impressionnée… Je me dis : V’là l’heure de l’Académie qui sonne… l’heure de la mort !… et j’ai ouvert la fenêtre pour voir si le vielleux était dans la rue et le faire taire… mais il n’y avait personne dans la rue… Je suis sortie de ma cuisine… personne sous la voûte !… personne dans la cour… et l’air chantait toujours… Il me venait d’en haut maintenant… Peut-être bien que le vielleux était dans l’escalier… personne dans l’escalier… au premier étage… rien ! Rien que l’air de ce pauvre M. Fualdès qui me poursuivait toujours… et plus j’allais, plus je l’entendais… J’ai ouvert la porte de la bibliothèque… on aurait cru que la chanson était derrière les livres !… Mon maître n’était pas là !… Il devait être dans son petit bureau où que je n’entre jamais !… J’écoutais… L’air du crime était dans le petit bureau !… Ah !… Était-ce Dieu possible !… J’approchai de la porte en retenant mon cœur qui éclatait… J’appelai : « Monsieur ! Monsieur !… » Il ne m’a pas répondu… L’air tournait toujours… derrière la porte de son petit bureau…
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