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saient, se dirigeant vers l’Institut, en pressant le pas.

— Eh quoi ! pensa M. Lalouette, les vieillards seraient-ils subitement devenus aussi fous que les jeunes gens ? (M. Lalouette avait dans les quarante-cinq ans, environ, l’âge où l’on n’est ni jeune ni vieux…) En voici deux qui m’ont l’air de courir au même fâcheux rendez-vous que mes étudiants de tout à l’heure !

L’esprit ainsi préoccupé, M. Gaspard Lalouette s’était rapproché du tournant de la rue Mazarine et peut-être se serait-il engagé dans cette voie tortueuse si quatre messieurs qu’à leur redingote, chapeau haut de forme, et serviette de maroquin sous le bras, on reconnaissait pour des professeurs, ne s’étaient trouvés tout à coup en face de lui, criant et gesticulant :

— Vous ne me ferez pas croire tout de même qu’il a fait son testament !

— S’il ne l’a pas fait, il a eu tort !

— On raconte qu’il a vu plus d’une fois la mort de près…

— Quand ses amis sont venus pour le dissuader de son dessein, il les a mis à la porte !

— Mais au dernier moment, il va peut-être se raviser ?…

— Le prenez-vous pour un lâche ?