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LE TIROIR SECRET

cherchèrent sur eux, sur leurs vêtements ; une aiguille, une épingle, quelque chose enfin qui pût percer l’œil de la Sophie à la cataracte ! Tout à coup Rouletabille s’assit par terre et défit son soulier.

Puis il en arracha le lacet…

Et, armé de la pointe de cuivre de ce lacet, il se précipita sur le coffret !

Il enfonça la pointe dans l’œil de Sophie !

Aussitôt, on entendit bien un léger déclic, mais rien ne se déclencha extérieurement.

Ivana, qui avait attendu, haletante, le résultat de l’opération, s’enfonçait de désespoir les ongles dans la chair des joues.

Il la fit rudement se tenir tranquille.

« Ne te frappe pas ! Nous y sommes ! La taie de l’œil a bougé ! a tourné sur elle-même ! Je te dis que nous y sommes ! Attends un peu ; aide-moi !… »

Sur ces indications, elle l’aida à redresser le coffret et à le placer sur deux sièges, de façon qu’il fût supporté en l’air, comme il l’était dans la chambre des reliques, sur les bras du fauteuil à la Dagobert.

Alors il s’agenouilla, glissa sa main au-dessous, tâtonna avec la pointe du lacet jusqu’à ce qu’il eût trouvé le centre de l’œil et brusquement enfonça…

Immédiatement on entendit le bruit de détente d’un ressort et le déclenchement se produisit, projetant au dehors presque la moitié du tiroir secret, dont les bords étaient si bien dissimulés sous les ornements, la peinture et le dessin des clous qu’il était impossible, quand le tiroir n’était pas ouvert, de les apercevoir…

Et maintenant qu’il était ouvert, cela paraissait un tiroir… un tiroir si simple et sans mystère… un tiroir comme tous les tiroirs… Enfin ! enfin ! enfin !… le tiroir était ouvert !

Et tous les documents étaient là !…

Les lourdes enveloppes couvertes de larges cachets de cire de l’état-major qu’Ivana connaissait bien !… On n’y