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LE CHÂTEAU NOIR

Ah ! voici que la clef tourne… tourne, tourne sans s’arrêter. Le coffret doit être ouvert maintenant… Elle se lève, elle en soulève des deux mains le couvercle… L’autre, en face, la regarde faire, souriant comme un galant homme qui a apporté un cadeau à sa petite femme et qui ne demande qu’à jouir de sa surprise…

Elle soulève donc le couvercle… le soulève… Et tout à coup elle chancelle… elle le referme…

« qu’est-ce que vous avez ? demande l’autre en se levant.

— Rien ! rien !… un peu de faiblesse… balbutie-t-elle… mais c’est passé !… c’est passé !… »

Et elle se glisse la main sur le front, pour essuyer la sueur froide qui y perle !…

« Eh bien, c’est toute la curiosité que vous avez ?…

— Tout à l’heure ! tout à l’heure !… Laissez-moi respirer !… »

Et elle s’éloigne du coffret ; lui s’en rapproche. Mais elle gémit, elle étend les bras :

« Tout tourne autour de moi !… »

Il accourt, heureux qu’elle ait, lui semble-t-il, imploré son assistance.

Il la soutient…

Comme elle est douce, maintenant ! Il ne la reconnaît plus !… Tout à l’heure elle l’éloignait ; maintenant il lui paraît qu’elle le retient !…

« Merci, dit-elle… merci ! c’est fini !… »

Il la conduit à petits pas sur un coin du divan… Il la fait asseoir, il s’assied près d’elle… Il la traite comme un objet fragile… et elle se laisse faire… Tout rude qu’il est, Gaulow est gagné à cette douceur qu’il n’attendait pas… Il en est remué.

Il lui en exprime sa reconnaissance en lui serrant les mains… et, voilà qu’elle répond à cette pression… qu’elle retient ses mains.

Oh ! la bizarre petite fille du Balkan !

Il lui dit :