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LES NOCES D’IVANA HANOUM

cette nouvelle invitation en toute hâte, avec ce bon La Candeur, qui paraissait, du reste, aussi essoufflé que lui.

« Pourvu que l’on ne se doute de rien !… murmurait celui-ci, qui n’avait point perdu l’habitude de trembler à propos de tout et à propos de rien…

— Vladimir est venu nous chercher tout de suite, répliquait Rouletabille. Ils doivent bien comprendre qu’il nous fallait au moins le temps de nous habiller…

— Tout de même, c’est une veine, cette fête !… Si tous ces gens-là ne passaient pas leur temps à boire, à manger et à danser, il y a beau temps qu’ils auraient levé le nez en l’air et qu’ils nous auraient coffrés, avec notre manie de nous promener sur les toits !

— Touche du bois ! commanda Rouletabille, superstitieux. Il ne faut jamais évoquer la catastrophe !

— Saperlotte !… fit La Candeur, en arrêtant soudain Rouletabille et en devenant tout pâle…

— Quoi encore ?… Qu’y a-t-il ?.. Mais parle donc !

— Eh bien ! nous sommes partis si vite que j’ai oublié de retirer la corde… Elle est toujours attachée à la cheminée et elle se balance dans le vide !…

— Malheur !… Tu n’en fais jamais d’autres !… gronda Rouletabille…

— Si je courais dire à Vladimir de refaire le chemin des courtines et d’aller l’enlever !…

— Oui, va !…

— J’y vais !… »

Et le bon La Candeur se disposait à aller réparer sa gaffe, quand une main se posa un peu rudement sur son épaule…

Il se retourna…

C’était Stefo le Dalmate, accompagné de cette sorte de chapelain qui parlait si bien le français.

« Eh ! messieurs ! que devenez-vous ? demanda cet homme au béat sourire. Il ne manque plus que vous au selamlik. Notre seigneur Kara Selim vous a déjà réclamés deux fois…