Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/186

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
184
LE CHÂTEAU NOIR

Candeur était placé près de l’échauguette, un peu en dehors et de telle sorte que ceux des assiégeants qui gravissaient les marches de cet escalier ne pouvaient le voir.

Si depuis quelques minutes nos jeunes gens jouissaient d’une sorte de trêve, au milieu des tourbillons de fumée qui les enveloppaient, c’est qu’en dessous d’eux on travaillait à combler la solution de continuité qu’ils avaient créée dans l’escalier au troisième étage.

Cet ouvrage fut tôt terminé et les habitants de la Karakoulé se précipitèrent dans létroit boyau avec d’autant plus de rage et d’audace qu’ils s’étaient rendu compte que les assiégés n’avaient plus de munitions.

Et c’est ainsi qu’une nouvelle et formidable clameur apprit à Rouletabille, à Ivana, à Vladimir et à La Candeur que leur dernière retraite allait être envahie.

Une première tête dont la bouche grande ouverte lançait des paroles irritées se montrait au trou de l’échauguette. Aussitôt la formidable épée de La Candeur tournoya dans ses mains puissantes et s’abattit sur le crâne du mécréant qui plongea dans l’escalier.

« Qu’est-ce qu’il a dit ? demanda La Candeur.

— Il nous criait de nous rendre ! » expliqua Vladimir.

Cette exécution augmenta la fureur de ceux qui s’écrasaient pour passer dans le trou de l’escalier. De nouveaux hurlements retentirent. Deux poings apparurent d’abord armés de pistolets qui furent déchargés en pure perte et une nouvelle tête se risqua : l’épée traça un nouvel éclair et frappa. La tête disparut.

Une troisième, beuglant des mots incompréhensibles, se présenta en manière de protestation.

« Monsieur, fit La Candeur, inutile d’insister. Je ne comprends pas le turc ! »

Sur quoi, il l’assomma.

Puis il ne dit plus rien car il avait trop de besogne… Du reste, il devait se garer à chaque instant pour éviter la pluie de mitraille que déversait ce trou du diable, mais chaque fois qu’une tête apparaissait, son compte était