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LES DERNIÈRES CARTOUCHES

et que l’on avait appuyé contre le principal pilier qui soutenait la voûte.

« La poudre ! cria Rouletabille ! Ils vont nous faire sauter !… Tous en haut, au troisième étage !… »

Ils précipitèrent leur retraite et grimpèrent l’escalier à la hâte. Au second, Rouletabille cria aux Allemands qui s’étaient débarricadés extérieurement et qui s’étaient rebarricadés intérieurement, de les suivre en haut du donjon, car on allait les faire sauter… mais il ne reçut pour réponse que des injures ; et aussitôt l’explosion se produisit.

Il y eut une telle chasse d’air dans l’escalier que Rouletabille, qui se trouvait encore au second étage à parlementer avec les Allemands, en fut assis du coup. Le donjon tout entier sembla s’anéantir.

Mais ce ne fut là qu’une sensation des plus désagréables. La voûte de la salle des gardes seule s’effondra avec les piliers qui la soutenaient… Le second étage lui-même ne fut pas atteint. Aussitôt les gens de la Karakoulé se ruèrent à nouveau dans le donjon et une bataille acharnée commença dans l’escalier et dans les corridors du second étage. Les jeunes gens reculaient, remontaient pas à pas, après avoir déchargé leurs armes et tout à coup Vladimir cria :

« Je n’ai plus de cartouches !… »

La Candeur n’en avait plus qu’une dizaine. Ils se jetèrent dans l’étroit boyau qui conduisait au troisième étage en emportant Modeste qui était grièvement blessé.

Sous eux des clameurs de triomphe montaient déjà, car le feu de l’assiégé se ralentissait et l’on prévoyait le moment où il allait être obligé de se rendre.

Rouletabille passa ses dernières cartouches à ses camarades en leur disant :

« Faites-les durer ! Je vais chercher Gaulow !…

— On lui mettra un poignard sur la gorge et il faudra bien qu’il ordonne aux siens de cesser le feu ! » hurla Vladimir.