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LA CHANSON DE LA MARITZA

rejetés en arrière, bousculant les suivants ou tombant dans le fossé ; mais l’ennemi se remettait de cette première alerte et recommençait à manœuvrer le bélier, l’attirait vivement dans la bâille, sans doute pour le rejeter avec un nouvel élan.

Cette petite opération coûta cher aux assiégeants. Tant qu’ils ne se furent pas rejetés dans la baïlle avec leur engin de guerre, ils furent sous le feu de Rouletabille et de ses compagnons qui, du haut de leurs créneaux, déchargèrent presque à coup sûr leurs carabines.

Quand cette courte bataille eut pris fin, une vingtaine de morts jonchaient le chemin parcouru par le bélier et on n’aurait pu compter les blessés qui s’étaient réfugiés comme des fous dans la bâille en fuyant la pluie brûlante… Alors, dans le silence de cette nouvelle victoire, un chant s’éleva derrière Rouletabille et ses compagnons :

Coule Maritza,
Ensanglantée,
Pleure la veuve
Cruellement blessée,

Marche, marche, notre général !
Une, deux, trois, marchez soldats !
La trompette sonne dans la forêt,
En avant, marchons, marchons, hourra !
Hourra, marchons en avant !…

C’était le terrible chant de guerre des Bulgares, hymne de guerre qui, alors, n’avait pas encore accompagné la Trahison sur les champs de bataille, et c’était Ivana qui le chantait. Elle avait une carabine fumante à la main !