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LE CHÂTEAU NOIR

mir… Moi, je surveille les alentours pour qu’on ne vous surprenne pas et qu’on ne vous tire pas dessus !… » Et ils s’engagèrent tous deux sur la petite plate-forme…

Dans le même moment, une fusillade éclata au dehors et une volée de balles sifflèrent aux oreilles de Vladimir et de Rouletabille. Ils se jetèrent dans l’échauguette ; ils avaient chaud !… C’était un miracle qu’ils n’eussent pas été atteints.

Des débris de pierres frappées par les balles volaient de toutes parts.

« Eh bien ! dit Vladimir, si c’est ainsi qu’on parlemente dans le pays, je crois que nous pouvons rentrer nos discours.

— Ils tirent sur nous du haut de la tour de veille… La plate-forme va devenir intenable, exprima Rouletabille… Maintenant, ils n’ont peut-être pas eu le temps d’apercevoir notre drapeau blanc !

— C’est ce que je pense ! fit Ivana. M. Vladimir l’a à peine montré…

— Vous êtes bonne, ma chère Ivana !… dit Rouletabille pour sauvegarder l’amour-propre de Vladimir… J’aurais voulu vous y voir, vous !… »

Malheureuse phrase, qu’il regretta aussitôt… Ivana avait arraché le drapeau improvisé des mains de Vladimir et s’était ruée sur la plate-forme…

« Ivana !… »

Ah ! l’admirable enfant enragée qu’elle était là, au sommet de cette tour, cible de cinquante fusils qui s’étaient abaissés sur elle !… Elle paraissait un étrange gavroche de quelque héroïque mascarade avec les bouts de loques de sa robe de gala qui lui battaient les jambes et le veston que Rouletabille lui avait passé pour couvrir ses bras et sa gorge nus ! Et elle agitait son drapeau !… Elle l’agitait !…

Oh ! pas longtemps, les quelques secondes nécessaires à Rouletabille pour s’apercevoir de cette folie, se jeter sur elle, la faire rouler brutalement contre les créneaux