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LE DONJON ASSIÉGÉ

Candeur voyait son visage en plein et ne pouvait retenir un soupir…

Enfin surgirent tour à tour Modeste et Vladimir, des profondeurs du souterrain.

Rouletabille ordonna à Modeste d’aller continuer son ouvrage, puis se tournant vers les deux reporters, il leur dit, d’une voix cassante :

« Nous sommes en état de guerre. La moindre faute de l’un de nous peut entraîner la perte de la communauté : celui de vous qui quittera désormais son poste sans en avoir reçu l’ordre sera condamné à mort !… Montez devant moi !… »

Ils ne se le firent pas répéter deux fois.

La Candeur, en montant, tremblait de tous ses membres. Et Vladimir, du reste, ne paraissait guère plus rassuré.

« Qu’est-ce qu’ils ont ?… commençait à se demander avec une certaine anxiété Rouletabille. Qu’est-ce que je vais encore découvrir ?… Qu’est-ce qu’ils m’ont encore fait, ces deux lascars-là ?… Allons ! ouste ! plus vite que ça !… »

Arrivés dans les chambres, ils se tinrent si drôlement et si tristement devant Rouletabille que celui-ci en fut littéralement épouvanté.

« Enfin ! s’écria-t-il, me direz-vous ce que vous avez à me faire des têtes pareilles ?… »

Ils ne répondirent point. Ils restaient là, tous deux, les bras ballants, comme frappés d’idiotie.

Rouletabille, à bout de patience, secoua rudement La Candeur, qui finit par gémir :

« C’est de ta faute, aussi… Tu ne parles tout le temps que de nous brûler la cervelle ! Alors tu comprends !…

— Je comprends quoi ?… Je ne comprends rien, sinon que vous faites les imbéciles tous les deux, et que ce n’est pas le moment !… Allons, ouvre-moi cette cantine-là et dis-moi combien il nous reste de boîtes de conserves… »