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grand réquisiteur et, ce faisant, vous défendrez la justice elle-même qui est attaquée dans la personne de l’ancêtre.

Le Président. — Monsieur le réquisiteur général, monsieur le grand réquisiteur, nous avions l’honneur de nous rendre au Palais pour déposer une plainte entre vos mains… Vous êtes venus… Recevez-la !

Un silence.

Le Réquisiteur général, embarrassé. — C’est que, M. le grand réquisiteur et moi, nous ne pensions point que, dans les circonstances présentes, vous vous arrêteriez à cette… ligne… de conduite… N’est-ce pas, monsieur le grand réquisiteur ?

Le grand inquisiteur ne répond pas.

Jean. — Comment… dans les circonstances pré-sentes ?… Ce sont justement les circonstances présentes…

Le Réquisiteur général. — Je veux dire qu’il ne serait peut-être pas politique…

Le Président. — Laisse parler M. le réquisiteur général, je t’en prie, Jean…

Le Réquisiteur général. — Il ne serait peut-être pas politique, au moment où nous nous apprêtons à fêter d’une façon aussi solennelle l’ancêtre, de laisser croire que nous attachons quelque importance… N’est-ce pas votre avis, monsieur le grand réquisiteur ?

Le Grand Réquisiteur. — L’affaire est trop grave et touche à des intérêts si vastes, que je ne me permettrais pas d’avoir une opinion après vous, monsieur le réquisiteur général.

Le Président. — Je ne m’explique pas vos paroles, messieurs… Nous poursuivrons.

Le Réquisiteur général. — Vraiment, mon cher président, je ne vous comprends pas…

Jean, éclatant. — Eh ! il faut comprendre pourtant !… C’est l’heure !… On s’attaque à quoi ?… À la maison des juges !… Et c’est à la tête que l’on veut la frapper ! C’est son chef que l’on vise ! Oubliez-vous que vous êtes solidaire de ses œuvres et que l’ancêtre couvre tout votre régime de sa grande ombre ? Quand, pour sauver la jeune liberté de l’anarchie, les Chambres eurent institué un comité de salut public présidé par le procurateur, qui est-on