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ACTE II

Même décor. Dehors, les tours du Palais sous la neige ; quatre heures de l’après-midi.


Scène Première

JEAN, NANETTE

Quand le rideau se lève, Jean regarde à travers la baie vitrée. Il a à la main une liasse de papiers. Puis, il quitte la fenêtre, s’assied à la table et regarde les papiers qu’il vient d’y déposer. Nanette est en train de tisonner à la cheminée.

Jean, le nez dans ses papiers. — Dis-moi donc, ma bonne, Marie-Louis est sorti ?

Nanette. — Oui, monsieur Jean ; oui, M. Marie-Louis est sorti. Il sort de très bonne heure, depuis quelques jours.

Jean. — Tout de suite après le déjeuner, n’est-ce pas ?

Nanette. — Oui.

Jean. — Et madame, comment va-t-elle ? Elle va mieux ?

Nanette. — Madame va très bien. Elle est sortie aussi.

Jean. — Mais elle n’est pas descendue pour le déjeuner. Je la croyais souffrante.

Nanette. — Elle était souffrante pour déjeuner, mon maître, mais elle ne l’était pas pour sortir… Et puis, c’est peut-être parce qu’elle était souffrante qu’elle a voulu prendre l’air.

Jean. — Oui, oui, le grand air… Il fait sec. Il gèle. Les lacs sont gelés.

Nanette. — Avant de partir elle m’a demandé ses patins. M. Marie-Louis aussi est sorti avec ses patins.

Jean. — Ah ! Il regarde Nanette qui semble ne plus vouloir rien dire ; puis, reprenant ses papiers) Tiphaine… Tiphaine… qui est-ce qui aurait dit qu’un Tiphaine ?… C’est une race maudite… (Il se lève, retourne à la fenêtre, revient, à Nanette.) Certainement ce Tiphaine est fou !

Nanette. — Il faut l’enfermer…