a été grand maître de la Justice sous le procurateur…
Nanette. — C’était une bien triste époque ; il a fallu tuer beaucoup de monde.
Bernard. — Croyez-vous que notre époque soit une bonne époque ! On n’est même plus tranquille au Palais de justice. Il n’y a pas seulement un mois voilà ce Tiphaine qui vient apporter sa bombe dans notre chambre des requêtes ? Votre président aurait pu être blessé.
Nanette. — Ça, c’est vrai ; heureusement, l’échafaud n’est pas fait pour les chiens…
Bernard. — Tout juste… (Se levant et allant regarder un portrait pendu au mur.) C’est de la vieille peinture, ça, hein, dame Nanette ?
Nanette. — Oh ! c’est un très vieux portrait.
Bernard. — Il n’a pas l’air commode, cet homme-là.
Nanette. — C’est le grand-père de l’ancêtre. Il a été procureur du roi, je ne sais plus duquel… il y a vingt ans j’aurais pu vous dire leur histoire, à tous, mais maintenant, je suis vieille, et je n’ai guère la tête solide.
Bernard. — Brrrt !… C’est triste ici… Ces vieux murs ; tous ces juges morts qui vous regardent, et tous les juges vivants que l’on rencontre ; ça sent plus la justice que le Palais de justice !… ce vieillard qu’on entend marcher dans le plafond… et Mme Jean qui a l’air si malheureux… Je n’ai pas entendu le son de sa voix depuis quatre ans…
Nanette, se levant. — Vous la plaignez !… Voici ces messieurs !…