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LA POUPÉE SANGLANTE

— Moi ?… Et de quoi donc, ma brave femme ? Mais dites-moi, ils sont restés longtemps dans le jardin ?

— Non, pas même une demi-heure… Elle s’est levée la première et elle lui a dit :

» — Rentrons ! Papa ne va pas tarder à revenir !

» Oh ! il est docile… Elle doit, sûr, faire des hommes ce qu’elle veut, cette fille-là !… Elle s’est penchée… elle lui a pris le bras, et ils sont rentrés tout doucement en faisant le tour du pavillon, sur la droite… Vous savez que la porte du laboratoire de M. Jacques donne sur le côté… dans la petite allée, en face du mur… Ils sont rentrés par là… J’ai encore attendu… Elle est sortie du pavillon au bout d’un quart d’heure environ… et elle est allée s’enfermer tout là-haut dans son atelier !… Quelle drôle d’existence ils ont, ces gens-là !…

— Pourquoi ?… Ce jeune homme est malade… Il a pris pension chez celui qui le soigne… et s’il est de la famille…

— Oh ! je suis tranquille !… Pour être de la famille, il en est !…

Là-dessus, pour que je n’aie aucun doute sur l’allusion, Mme Langlois ajoute :

— Et quand on pense que ça se dit fiancée !… Bien du plaisir, monsieur Masson ! À propos, vous me donnerez quelques sous pour acheter du « brillant belge »…

Et elle est partie, triomphante…

Ainsi Gabriel n’est pas mort !… Eh bien, pour Christine, j’aime mieux ça !…

Il faut donc en conclure que, suivant l’expression de la mère Langlois, ce jeune homme avait été simplement démoli… et ce sont les soins de Christine et de Jacques Cotentin qui l’ont sauvé.