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LA POUPÉE SANGLANTE

tout là-haut par une petite échelle, j’arrive dans le grenier… Me voilà à la lucarne… Et qu’est-ce que je vois ?… La Christine et le beau jeune homme qui se baladaient tous les deux !… Ils faisaient tout doucement le tour du jardin… Elle l’avait à son bras et lui disait des Gabriel par-ci… des Gabriel par-là !…

» Lui, il ne paraissait pas aussi faraud que la première fois que je l’avais vu… quand il se tenait si droit, si droit qu’on aurait cru qu’il avait avalé un manche à balai… Il était un peu raplapla… et elle lui parlait doucement comme quelqu’un qui encourage un malade… Ils sont allés s’asseoir derrière l’arbre. Là, il s’est laissé tomber dans le fauteuil de bois… et elle… eh bien ! elle l’a embrassé !

— Si c’est un parent… fis-je, la voix blanche… il n’y a rien d’extraordinaire à cela !

— Oh ! elle ne l’embrasse pas comme un parent, vous savez ! et elle a une façon de le regarder !

— Allons, allons, madame Langlois, ne soyez pas une mauvaise langue. Mlle Norbert est une honnête fille à la conduite de laquelle on n’a rien à reprocher.

— Oh ! moi, je veux bien ! moi, je veux bien !… Tout de même, elle ne vous a pas raconté que, pendant que vous l’attendiez chez le marquis, elle soigne si bien le petit parent en question chez elle, un parent que personne ne connaît ni d’Ève, ni d’Adam !

— Elle m’en parlera peut-être cet après-midi ! Et ne craignez rien, madame Langlois, je m’empresserai aussitôt de vous en faire part, car je vois que l’on ne peut rien vous cacher !

— Je crois que vous m’en voulez, monsieur Masson !…