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LA POUPÉE SANGLANTE

— Vous l’avez vu rentrer chez les Norbert ?

— Rentrer ?… Non, je ne l’ai point vu rentrer… ce particulier-là, je vous ai déjà dit que personne ne l’a jamais vu entrer ni ressortir… On ne sait pas par où il passe, bien sûr ?… On dirait qu’ils le cachent chez eux !… Il est peut-être poursuivi par la police !… Je l’ai toujours dit : c’est sûrement un étranger pour être habillé comme ça !… Si vous trouvez que tout ça est naturel… Enfin, je vais vous dire une chose… Voilà trois jours qu’ils m’ont remerciée…

— Ah ! oui, madame Langlois, ils vous ont remerciée ? Mais alors comment savez-vous ?…

— Comment je sais !… comment je sais… Quand la mère Langlois veut savoir quelque chose, elle ferait la pige à la Tour Pointue, vous pouvez en être assuré !… C’est comme je vous le dis ! et je le prouve !… Quand ils m’ont eu fichue à la porte, je m’ai écrié dans mon intérieur : « Celle-là, vous ne l’emporterez pas en paradis !… » Faut vous dire que j’avais remarqué que, du haut d’une lucarne de votre bâtisse, il aurait été facile de voir ce qui se passait chez eux !… Je me l’avais dit plusieurs fois… Ce matin, j’ai vu partir le carabin qui s’en allait à son école comme tous les matins… puis ça a été le tour du vieux Norbert… Je m’attendais à voir sortir à son heure la Christine pour aller chez son marquis, où elle est maintenant tout le temps fourrée, ça n’est un secret pour personne… pas même pour vous, soit dit sans vous offenser !… Mais les minutes, les quarts d’heure passent : pas de Christine !… Je m’ai dit : « Qu’est-ce qu’elle peut bien faire là dedans toute seule ?… À moins qu’elle ne mette en train une autre femme de ménage ?… Faudrait voir ! »

» Bref, je ne fais ni une ni deux… je grimpe