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LA POUPÉE SANGLANTE

glois : événement grave. J’imagine que, dans le même moment, l’arrière-boutique de Mlle Barescat ne chômait pas et que l’on devait dresser des plans pour me sauver des maléfices de « la famille du sorcier ».

Moi, un garçon si tranquille, si rangé, si ponctuel et qui était toujours si poli avec sa femme de ménage !

Mme Langlois s’était juré de me prouver qu’elle existait encore… et voici comment elle y parvint.

Hier, vers les onze heures du matin, je rentrais dans ma chambre, venant de l’hôtel de Coulteray où Christine n’avait pas paru, ce qui m’avait mis de la plus méchante humeur du monde, ma conversation prolongée avec le marquis (qui, lui aussi, semblait attendre Christine) n’ayant pu calmer mon impatience… je trouvai Mme Langlois qui devait avoir fini mon ménage depuis longtemps, mais qui, inlassablement, le recommençait.

Je vis tout de suite que la brave femme avait quelque chose à me dire. La façon dont elle ferma la porte derrière moi, dont elle se planta les poings sur les hanches, enfin, toute l’émotion qui la gonflait m’annonçaient que j’allais apprendre du nouveau. Je ne me trompais pas.

— Eh bien, commença-t-elle, elle va un peu fort, votre princesse !… Vous ne l’avez pas vue ce matin chez votre marquis, n’est-ce pas ?…

— Pardon, madame Langlois, pardon… Je pense que c’est de Mlle Norbert qu’il s’agit… Sachez donc, une fois pour toutes, que Mlle Norbert fait ce qu’elle veut… et je vous dirai même que ce qu’elle a fait ou ne fait pas ne m’intéresse en aucune façon !… Au revoir, madame Langlois, et rappelez-moi au bon souvenir de Mlle Barescat !…