bien qu’il cherche à les oublier !… Je vous dis qu’il a beaucoup aimé sa femme… et je suis certaine qu’il l’aime encore… et même qu’il n’aime qu’elle !…
» Il essaye parfois de rire avec moi de ce qui lui arrive… mais je ne me trompe pas au faux éclat de sa raillerie… « Regardez-moi ! me fait-il, et dites-moi si j’ai l’air d’un Cagliostro… d’un comte de Saint-Germain… La farce est drôle ! Eh bien, cette idée est venue tout d’un coup à ma femme… et elle ne peut plus s’en détacher !… Jusqu’alors, elle me regardait avec amour… maintenant, elle ne peut plus me voir sans épouvante ! C’est tellement drôle, Christine, qu’il faut que je vous embrasse !… »
» Voilà le genre, cher monsieur Bénédict Masson, seulement moi, je ne veux pas que le marquis m’embrasse… parce que, moi, je suis fiancée…
— C’est vrai, vous êtes fiancée !… Il y a même longtemps que vous êtes fiancée, je crois…
— Oui, assez longtemps.
— Et pour longtemps encore ? osai-je demander.
Elle ne me répondit pas. Elle revint à notre conversation.
— La marquise est une petite Anglaise sentimentale, élevée aux Indes, où les théories spirites les plus extravagantes ravagent les salons de la haute société. Elle a certainement assisté à des séances d’un fakirisme qui bouleverse les cervelles incertaines… et la marquise est une cervelle incertaine.
» De plus, elle lit beaucoup ! Elle se bourre de romans de « l’au-delà ». D’un autre côté, le marquis, exubérant de vie, n’a peut-être pas su com-