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LA POUPÉE SANGLANTE

— Oui, une véritable catastrophe… pour nos travaux ! Nous ne pouvons les transporter ailleurs… cela nous est impossible, matériellement et financièrement… Ce serait la fin de tout !… Ce serait la fin de trois vies, et peut-être davantage !

Alors, c’est bien vu, bien entendu ? De Gabriel, pas question ! Elle s’imagine que je ne sais rien… Tout de même, elle sait, elle, et cela ne semble aucunement la préoccuper ! Après tout, qu’est-ce que je m’imagine ? Elle ne pense peut-être qu’à cela, avec sa figure vermeille et cette parure de clarté !… Alors, un monstre ?… Pourquoi pas ?… Avec elle je navigue du ciel à l’enfer avec une rapidité d’onde hertzienne. Nous sommes deux monstres, bien faits pour nous entendre…

— Si je vous comprends bien, vous me demandez d’accepter tout de suite d’être quelque chose comme le bibliothécaire-relieur de M. le marquis de Coulteray, et cela parce que vous craignez de rester seule avec lui !…

— C’est cela, monsieur !… vous voyez la confiance…

— Parfaitement ! là confiance !… la confiance !… Compris !… Mais le marquis, lui, ne pourra me voir venir que comme un ennemi !…

— Non ! car j’ai posé mes conditions !… Il vaut mieux que vous sachiez tout… Je voulais partir… enfin je faisais celle qui voulait partir… ne plus revenir chez lui !… Il m’avait dit des choses qui m’avaient déplu… Il est très grand seigneur… extrêmement poli et parfois incroyablement audacieux… Il a pu croire que je ne reviendrais plus !… Il m’a suppliée… Je lui ai dit que je ne resterais que si, désormais, il y avait un tiers entre nous… Il a accepté… La chose s’est passée tout récemment… ce matin même… et je