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LA POUPÉE SANGLANTE

Christine pleurait comme une Madeleine. Jacques était allé à la fenêtre, regardait le paysage paisible, qui semblait immuable dans sa solidité matérielle, sous les cieux clairs et le regard froid de l’astre des nuits… le paysage sans fantômes.

— Vous deviendrez tous fous dans ce pays avec votre histoire d’empouse ! leur dit-il… Voici ce que tu vas faire, Drouine !… Tu vas venir avec moi… Nous descendrons dans la crypte…

— Non ! non ! j’en reviens ! j’en reviens !

— Comment ! tu en reviens ?

— Oui !… Quand elle a été partie… je me suis trouvé mieux… je ne la voyais plus… l’air froid du dehors sur mon front… enfin je me suis dit que j’avais peut-être rêvé… et puis je me suis dit aussi que la crypte était fermée, que les murs en étaient bien épais, même pour une « empouse »… Enfin ça a été plus fort que ma peur… j’ai voulu savoir… j’ai passé un pantalon, j’ai pris les clefs de la chapelle et je suis descendu… Alors je me suis rendu compte tout de suite que, si les grandes grilles de la crypte, derrière le tombeau de Bras-de-Fer, étaient bien fermées, j’avais oublié de refermer la petite porte qui s’ouvre dans le pied de la tour… C’est par là que je vous ai fait descendre, vous savez !… Eh bien, c’est par là qu’elle était sortie !… Oh ! il n’y avait pas à s’y tromper !… La pierre était déplacée… le tombeau ouvert et le cercueil aussi… et il n’y avait plus rien dedans !…

— Reste ici avec Christine et attendez-moi tous les deux !

Jacques était déjà dehors malgré le cri de la jeune fille…

Par la fenêtre, ils le virent traverser en courant la cour d’honneur, puis, d’un pas tranquille, toute la largeur de la baille… Évidemment, il essayait de se dominer… d’arriver là-bas avec tout son