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LA POUPÉE SANGLANTE

autour du cou et le retenait avec une force invincible :

— Non ! non ! n’y va pas !… n’y va pas !… C’est elle ! je suis sûre que c’est elle !…

Et puis ils se turent, car les coups avaient cessé, mais il leur semblait entendre maintenant un bruit dans le château. Une porte ou une fenêtre avait été ouverte… et d’autres portes claquaient… et des pas… une course… une espèce de bondissement dans l’escalier… Jacques s’était redressé… Elle l’étouffait contre elle !

— N’y va pas !… n’y va pas !…

— Laisse-moi au moins aller fermer la porte à clef !

Elle l’abandonna un instant avec un sourire d’agonisante. Il courut à la porte et l’ouvrit.

Ils se trouvèrent en face d’une figure de revenant qui agitait son ombre immense sous la projection de la lampe… C’était Drouine…

Il entra, se jeta contre la porte, la referma de tout son poids et y prit équilibre, pour pouvoir enfin souffler, haleter à son aise…

Alors il aperçut Christine qui avait l’air aussi égarée que lui.

— Vous l’avez vue ?… Vous l’avez vue ?… demanda-t-il.

Christine hocha la tête… Elle l’avait vue… oui ! oui !… Et lui ! lui aussi, n’est-ce pas ?

Alors il raconta, par bribes, par morceaux, tandis que soufflait son âme épouvantée, au fond de sa forge intérieure :

— Je dormais… je venais de m’endormir… à peine… j’ai entendu sa voix qui m’appelait… Je n’ai pas eu peur d’abord… une voix si douce !… si douce !… que j’ai cru que je rêvais… Mais une petite pierre vint frapper contre ma vitre… alors je me rendis compte que je ne rêvais pas… Et je